Si tu savais.
Si tu savais combien je t’en veux.
Si tu savais combien ça me manque d’être deux.
Si tu savais le vide que tu laisses et combien ton ignorance me blesse.
Si tu savais.
Tu n’as pas idée.
Tu n’as pas idée de ce que tu as semé.
Tu n’as pas idée de ma fragilité.
Tu n’as pas idée de ma détresse ni de ma profonde tristesse.
Tu n’as pas idée.
Comment te dire.
Comment te dire que je n’ai pas voulu ce qui arrive.
Comment te dire que ma douleur est vive.
Comment te dire que ce n’était qu’un appel au secours injustement puni par un silence sourd.
Comment te dire.
Je te prie de croire.
Je te prie de croire que j’ai besoin de toi.
Je te prie de croire mon profond désarroi.
Je te prie de croire que je ne cherche pas ta pitié mais que je te voudrais comme alliée.
Je te prie de croire.
Comment imaginer.
Comment imaginer ma vie sans ma moitié.
Comment imaginer que l’on ne puisse plus partager.
Comment imaginer que nous restions deux étrangères après tout ce que nous avons traversé comme galères.
Comment imaginer.
Je suis consciente.
Je suis consciente de t’avoir réellement froissée.
Je suis consciente d’avoir été trop angoissée.
Je suis consciente de n’avoir pas pesé mes mots et de t’avoir lâchement balancé mes maux.
Je suis consciente.
Je sais.
Je sais que ta réaction était prévisible.
Je sais pourquoi tu te fais invisible.
Je sais que tu me reprocheras encore de ne penser qu’à moi et de faire fi de ce que ça pourrait te faire subir à toi.
Je sais.
Je voudrais tellement.
Je voudrais tellement que tu comprennes.
Je voudrais tellement que disparaissent nos peines.
Je voudrais tellement que tu m’accordes encore ton pardon et que nous cessions de mal nous aimer pour de bon.
Je voudrais tellement.
Ça fait si longtemps.
Ça fait si longtemps, ça fait bientôt trente ans.
Ça fait si longtemps qu’on se dispute, qu’on se chamaille certes, mais on se comprend.
Ça fait si longtemps que tu sais comment l’on fonctionne et que, malgré tout nos différends, nous sommes deux moitiés qui s’affectionnent.
Ça fait si longtemps.
Je t’en supplie.
Je t’en supplie, ne me laisse pas.
Je t’en supplie, ne restons pas dans cet état.
Je t’en supplie, tu sais combien je t’aime, bien que mes erreurs soient toujours les mêmes.
Je t’en supplie.
Je peux tout accepter.
Je peux tout accepter de toi, y compris ta colère et ta rancœur.
Je peux tout accepter même s’il me faut attendre pour que tu m’ouvres de nouveau ton cœur.
Je peux tout accepter mais, par pitié, ne reste pas indifférente, ne me laisse pas dans l’attente.
Je peux tout accepter.
N’oublie pas.
N’oublie pas que chaque jour qui passe n’est pas un jour de plus mais un jour de moins.
N’oublie pas que nous ne rattraperons jamais ce qui est passé, que c’est déjà trop loin.
N’oublie pas que j’ai besoin de toi maintenant, tout le temps, et que je suis toujours prête, pour toi, à en faire autant.
N’oublie pas.
© Marion Enin

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